Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/47

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à Abbâdân, le pieux personnage en question, qui lui avait donné un poisson frais, en disant : « Remets-le à l’hôte arrivé aujourd’hui. » Le religieux nous dit donc en entrant : « Qui, parmi vous, a vu le cheïkh aujourd’hui ? » Je répondis : « Moi, je l’ai vu. » Il reprit : « Il te fait dire que ceci est pour ton repas d’hospitalité. » Je remerciai Dieu de cela. Le religieux nous fit cuire ce poisson, dont nous mangeâmes tous, et je n’en ai jamais goûté de meilleur. Il me vint dans la pensée de m’attacher, pour le restant de mes jours, au service de ce cheïkh ; mais mon esprit obstiné (à voyager) me détourna de cette détermination.

Ensuite nous nous embarquâmes sur la mer dès l’aurore, dans l’intention de nous rendre à la ville de Mâtchoûl. Parmi les coutumes que j’ai adoptées dans mes voyages, est celle de ne pas revenir, autant que possible, par un chemin que j’ai déjà suivi. Or je désirais aller à Baghdâd, dans l’Irâk. Un habitant de Basrah me conseilla de me mettre en route pour le pays des Loûrs, puis pour l’Irâk al’adjem, et enfin