Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/53

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grands de la ville étaient réunis en cet endroit, et les fakîrs y étaient venus de tous les côtés. Il fit manger tout ce monde, puis il récita avec eux la prière de midi ; il remplit l’office de khathîb et prêcha, après que les lecteurs du Coran eurent fait une lecture devant lui, avec des intonations qui arrachaient des larmes, et des modulations qui remuaient l’âme. Le cheïkh prononça une khothbah (discours) pleine de gravité et de dignité. Il y excella dans les diverses branches de la science, comme d’interpréter le Coran, de citer les hadîths (traditions) du Prophète, et de disserter sur leurs différentes significations.

Ensuite on lui jeta de toutes parts des morceaux de papier, car c’est la coutume des Persans d’écrire des questions sur des morceaux de papier, et de les jeter au prédicateur, qui y fait une réponse. Lorsqu’on lui eut lancé les billets, il les rassembla dans sa main et commença d’y répondre successivement, dans le style le plus remarquable et le plus beau. Sur ces entrefaites, le temps de la prière de l’asr arriva. Le cheïkh la récita avec les assistants, qui s’en retour-