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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/66

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et je m’assis dessus ; il n’y avait dans la salle que son hâdjib (chambellan), le fakîh Mahmoud, et un de ses commensaux dont j’ignore le nom.

L’atâbec m’interrogea touchant mon état et mon pays ; il me questionna au sujet de Mélic Nâcir (le sultan d’Égypte) et de la province du Hidjàz. Je lui répondis sur ces matières. Ensuite arriva un grand fakîh, qui était le reïs (chef) des fakîhs de cette contrée. Le sultan me dit : « Cet homme est notre maître (mewlânâ) Fadhîl. » On n’adresse la parole aux fakîhs, dans toute la Perse, qu’en leur donnant le titre de mewlânâ : c’est ainsi qu’ils sont appelés par le sultan et par les autres personnes. Le sultan commença à faire l’éloge de ce fakîh ; il me sembla que ce prince était vaincu par l’ivresse ; et j’avais précédemment appris son habitude de se livrer à la boisson. Ensuite il me dit en arabe, langue qu’il parlait avec élégance : « Parle donc. » Je lui dis : « Si tu m’écoutais, je le dirais : Tu es un des enfants du sultan atâbec Ahmed, célèbre par sa piété et sa dévotion ; il n’y a rien à te reprocher dans ta manière de gouverner, excepté cela » ; et je