Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 2.djvu/86

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une vaste plaine, où il restait libre et sans entraves ; ensuite ces chiens étaient lancés sur lui ; il s’enfuyait devant eux, mais il n’avait aucun asile : les bêtes l’atteignaient, le mettaient en pièces et dévoraient sa chair. Lorsque les chiens furent lâchés sur le kâdhi Medjd eddîn et qu’ils arrivèrent auprès de lui, ils le caressèrent, remuèrent la queue devant lui et ne lui firent aucun mal.

Cette nouvelle parvint au sultan ; il sortit de son palais, les pieds nus, se prosterna à ceux du kâdhi, afin de les baiser, prit sa main, et le revêtit de tous les habits qu’il portait. C’est le plus grand honneur que le sultan puisse faire chez ce peuple. Lorsqu’il a ainsi gratifié une personne de ses vêtements, c’est pour cet individu, pour ses fils et tous ses descendants, une distinction dont ils héritent, tant que durent ces hardes, ou qu’il en reste seulement une portion. La pièce du costume qui est le plus considérée en pareil cas, c’est le caleçon. Lorsque le sultan eut revêtu de ses habits le kâdhi Medjd eddîn, il le prit par la main, le