Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/129

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le dernier endroit habité sur les confins du pays des Turcs. Nous entrâmes ensuite dans le grand désert, qui s’étend l’espace de quinze journées de marche. On n’y voyage que dans une seule saison, après que les pluies sont tombées dans le Sind et l’Inde, c’est-à-dire au commencement du mois de juillet. Dans ce désert, souffle le vent empoisonné (assemoûm) et mortel qui fait tomber les corps en putréfaction, de sorte que les membres se séparent après la mort. Nous avons dit ci-dessus (t. II, p. 238) que ce vent souffle aussi dans le désert, entre Hormouz et Chirâz. Une grande caravane, dans laquelle se trouvait Khodhâwend Zâdeh, kâdhi de Termedh, nous avait précédés. Il lui mourut beaucoup de chameaux et de chevaux ; mais, par la grâce de Dieu, notre caravane arriva saine et sauve à Bendj Ab, c’est-à-dire au fleuve du Sind. Bendj (Pendj) signifie « cinq », et Ab « eau ». Le sens de ces deux mots est donc : « les cinq rivières. » Elles se jettent dans le grand fleuve, et arrosent cette contrée.