Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/152

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vait une estrade, également en pierres taillées avec une telle précision, qu’elles paraissaient ne former qu’une seule pierre. Cette estrade supportait une figure d’homme, mais dont la tête était fort allongée, la bouche placée sur un des côtés du visage et les mains derrière le dos, comme celles d’un captif. On voyait là des flaques d’eau extrêmement puantes, et une des parois portait une inscription en caractères indiens. ’Alâ Aimulc me raconta que les historiens prétendent qu’il y avait en cet endroit une ville considérable, dont les habitants, ayant commis beaucoup de désordres, furent changés en pierres, et que c’est leur roi qui figure sur l’estrade, dans la maison dont nous avons parlé : aussi cette maison est-elle encore appelée la demeure du roi. On assure que l’inscription indienne qui se voit sur une des murailles renferme la date de la destruction des habitants de cette ville : cela est arrivé il y a mille ans ou environ.

Je passai cinq jours à Lâhary, en compagnie d’Alâ Aimulc, après quoi il me fournit généreusement des provisions de route, et je le quittai pour me rendre à la ville de Bacâr.