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RÉCIT D’UN COMBAT QUE NOUS EÛMES À LIVRER SUR CE CHEMIN, ET QUI FUT LE PREMIER AUQUEL J’ASSISTAI DANS L’INDE.

Lorsque nous voulûmes partir de la ville d’Abouher, le gros de la troupe en sortit au commencement du jour, et j’y restai jusqu’à midi avec quelques-uns de mes compagnons ; puis nous partîmes, au nombre de vingt-deux cavaliers, les uns Arabes, les autres étrangers. Quatre-vingts idolâtres à pied, plus deux cavaliers, nous assaillirent dans la plaine. Mes camarades étaient doués de courage et de fermeté ; nous résistâmes donc très-vigoureusement aux assaillants, nous tuâmes un de leurs cavaliers et primes son cheval. Quant aux gens de pied, nous en tuâmes environ douze. Une flèche m’atteignit et une seconde atteignit mon cheval. Dieu daigna me préserver de tout mal ; car les traits lancés par les Indiens n’ont pas de force. Cependant, un de nos compagnons eut un cheval blessé ; nous l’indemnisâmes au moyen du cheval pris à l’idolâtre, et nous égorgeâmes l’animal blessé, qui fut mangé par les Turcs de notre troupe.