Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/173

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Nous portâmes les têtes des morts au château fort d’Abou Baqhar, et nous les y suspendîmes à la muraille. Ce fut au milieu de la nuit que nous arrivâmes au susdit château d’Abou Baqhar. Deux jours après en être partis, nous parvînmes à la ville d’Adjoûdéhen (Adjodin), petite place appartenant au pieux cheïkh Férîd eddîn albedhàoùny, celui-là même que le cheïkh pieux, le saint Borhân eddîn alar’adj m’avait prédit, à Alexandrie, que je rencontrerais. Cela arriva : Dieu en soit loué ! Férîd eddîn a été le précepteur du roi de l’Inde, qui lui a fait cadeau de cette ville. Ce cheïkh est affligé de folie (ou en butte aux tentations du diable) ; Dieu nous en préserve ! Il ne prend la main de personne, et n’approche même de qui que ce soit. Lorsque son vêtement a touché celui de quelqu’un, il le lave. J’entrai dans son ermitage, je le vis et je lui offris les salutations du cheïkh Borhân eddîn ; il fut étonné et me dit : « Je ne suis pas digne