Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/216

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conséquence, il se dit en lui-même : « Lorsque mon fils régnera, ce sera un honneur pour moi ; il est donc plus juste que je désire cela. » En même temps, Dieu jeta dans le cœur du sultan Mo’izz eddîn des sentiments de soumission envers son père. Chacun des deux princes monta sur un bateau, sans être accompagné de ses troupes, et ils se rencontrèrent au milieu du fleuve. Le sultan baisa le pied de son père, et lui fit des excuses. Celui-ci lui dit : « Je te donne mon royaume et je t’en confie le gouvernement. » Là-dessus il lui prêta serment de fidélité, et voulut s’en retourner dans les provinces qu’il possédait ; mais son fils lui dit : « Il faut absolument que tu viennes dans mes États. » Le père et le fils se dirigèrent ensemble vers Dihly et entrèrent dans le palais ; le premier fit asseoir Mo’izz eddîn sur le trône et se tint debout devant lui. L’entrevue qui avait eu lieu entre eux sur le fleuve fut appelée la rencontre (conjonction) des deux astres heureux, à cause des résultats qu’elle eut, en épargnant le sang (des sujets), en faisant que le père et le fils s’offrissent l’un à l’autre le royaume et qu’ils s’abstinssent de combattre. Les poètes célébrèrent en foule cet événement.