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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/215

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émirs et les courtisans, qui lui prêtèrent serment durant la nuit. Le matin étant arrivé, le reste de la population fit de même, et le pouvoir de Mo’izz eddîn fut parfaitement affermi. Son père était encore en vie, et se trouvait dans le pays de Bengale et de Lacnaouty. La nouvelle de ce qui s’était passé lui étant parvenue, il dit : « Je suis l’héritier du royaume ; comment donc mon fils en deviendrait-il maître et le posséderait-il avec une autorité absolue, tandis que je suis encore vivant ? » Il se mit en marche avec ses troupes, se dirigeant vers la capitale, Dihly ; son fils se mit aussi en campagne, à la tête de son armée, dans le dessein de le repousser de cette ville. Ils se rencontrèrent près de la ville de Carâ (Corrah), située sur le rivage du fleuve Gange, celui-là même où les Indiens vont en pèlerinage. Nâcir eddîn campa sur sa rive, du côté qui touche Carâ, et son fils, le sultan Mo’izz eddîn, campa sur le côté opposé, de sorte que le fleuve se trouvait entre eux. Ils résolurent de combattre l’un contre l’autre ; mais Dieu voulut épargner le sang des musulmans et répandit dans le cœur de Nâcir eddîn des sentiments de miséricorde envers son fils. En