Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/222

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mais tous ses soldats s’étant retirés près du sultan ’Alà eddîn, il s’enfuit dans le Sind. ’Alâ eddîn entra dans le palais royal, et jouit paisiblement du pouvoir durant vingt années. Il fut au nombre des meilleurs sultans, et les habitants de l’Inde le vantent beaucoup. Il examinait en personne les affaires de ses sujets, s’enquérait du prix des denrées et faisait venir chaque jour pour cela le mohtecib, ou inspecteur des marchés, que les Indiens appellent réîs, ou chef. On raconte qu’il l’interrogea un jour touchant le motif de la cherté de la viande. L’inspecteur l’informa que cela provenait du taux élevé de l’impôt établi sur les bœufs. Il ordonna d’abolir cette taxe et d’amener devant lui les marchands ; puis il leur donna de l’argent et leur dit : « Achetez avec cela des bœufs et des brebis et vendez-les ; le prix qu’ils produiront reviendra au fisc, et vous recevrez un salaire pour la vente. » Cela fut exécuté, et le sultan fit de même pour les étoffes que l’on apportait de Daoulet Abâd. Lorsque les grains atteignaient un prix élevé, il ouvrait les magasins