Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du pain seulement ; il voulut débiter du pain pour la valeur d’un carat, et de la paille pour le même prix. Il acheta donc le pain et la paille ; nous jetâmes celle-ci, puisque nous n’avions point de bête de somme qui pût la manger, et nous partageâmes le pain par bouchée. Tu vois aujourd’hui dans quelles conditions de fortune je me trouve ! » Je lui dis : « Il faut que tu loues Dieu pour les faveurs qu’il t’a prodiguées, que tu honores les fakirs et les pauvres, et que tu fasses l’aumône. » Il répondit : « Ceci m’est impossible. » Je ne l’ai jamais vu user d’aucune libéralité, ni pratiquer le moindre bienfait. Que Dieu nous garde de l’avarice !


ANECDOTE.

A mon retour de l’Inde, je me trouvais un jour à Bagdad et j’étais assis à la porte du collège, ou école appelée Almostansiriyah, qui avait été fondée par l’aïeul de Ghiyâth eddîn, c’est-à-dire par le prince des croyants, Almostansir. Je vis un malheureux jeune homme, courant derrière un individu qui sortait du collège, et l’un des étudiants me dit : « Ce jeune