Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/320

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de ma visite au cheïkh Chihâb eddîn, fils du cheïkh d’Aldjam, et comme quoi le sultan voulait me faire mourir, à cause de cette action. Nous en parlerons plus tard. Je revins donc sur mes pas, et n’allai pas trouver l’émîr Ghada. Celui-ci sortit de prison le lendemain vers midi ; le sultan le laissa dans l’abandon, le négligea, lui retira le gouvernement qu’il lui avait conféré, et voulut même le chasser.

Le souverain avait un beau-frère appelé Moghîth, fils du roi des rois. La sœur du sultan se plaignit de lui à son frère jusqu’à ce qu’elle mourût. Ses femmes esclaves ont assuré que sa mort fut la suite de violences exercées sur elle par son mari. La généalogie de ce dernier laissait quelque chose à désirer, et le sultan écrivit de sa propre main ces mots : « Qu’on exile l’enfant trouvé. » Il faisait allusion à son beau-frère. Il écrivit après cela : « Qu’on exile aussi Moûch khor. » Ceci veut dire « le mangeur de rats » ; et il entendait parler de l’émîr Ghada ; car les Arabes du désert mangent le yarboû « rat des champs ; gerboise », qui est une sorte de rat. Le monarque ordonna de leur faire quitter le pays à tous les deux ; en conséquence, les officiers se rendirent près de