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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/319

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la salle d’audience, et le sultan donna ordre au roi Tatar de se rendre, avec les deux parties, chez ce juge. Tatar avait fait le pèlerinage de la Mecque ; il était resté encore quelque temps dans cette ville, ainsi qu’à Médine, et parlait bien l’arabe. Se trouvant chez le juge avec les susdits personnages, il dit à l’émîr Ghada : « Est-ce que tu as frappé le chambellan ? Ou bien, dis : « Non. » Son but était de lui suggérer un argument de défense ; mais Saïf eddîn était un ignorant vulgaire, et il répondit : « Oui, je l’ai frappé. » Le père du personnage battu se présenta, et il voulait arranger l’affaire entre les deux parties ; mais Saïf eddîn ne s’y prêta point.

Le juge donna ordre qu’on le mît en prison cette nuit-là. Pour Dieu, son épouse ne lui envoya pas même un tapis pour dormir, et n’en demanda pas de nouvelles, par crainte du sultan. Ses camarades eurent peur aussi, et mirent en sûreté leurs biens. Je voulais l’aller visiter dans sa prison ; mais je rencontrai alors un émîr qui me dit, en entendant cela : « Tu as donc oublié ce qui t’est arrivé. » Il me rappela à la mémoire un événement qui me concernait, au sujet