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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/329

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pas quelqu’un de tué. J’ai vu bien souvent faire mourir des gens à sa porte, et y abandonner leurs corps. Un jour je me rendis à son château, ei voilà que mon cheval eut peur ; je regardai devant moi et je vis sur le sol une masse blanchâtre. Je dis : « Qu’est-ce que cela ? » Un de mes compagnons répondit : « C’est le tronc d’un homme, dont on a fait trois morceaux ! » Ce souverain punissait les petites fautes, comme les grandes ; il n’épargnait ni savant, ni juste, ni noble. Tous les jours on amenait dans la salle d’audience des centaines d’individus enchaînés, les bras attachés au cou, et les pieds garrottés. Les uns étaient tués, les autres torturés, ou bien battus. Son habitude était de faire venir tous les jours dans la salle d’audience, excepté le vendredi, tous ceux qui se trouvaient en prison. Ce dernier jour était pour eux une journée de répit ; ils l’employaient à se nettoyer, et se tenaient tranquilles. Que Dieu nous garde du malheur !