Aller au contenu

Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

truisit des cellules, des magasins, un four et un bain ; il fit venir l’eau du fleuve Djourana ; il cultiva cette terre, et il amassa des sommes considérables au moyen de ses produits ; car, dans ces années-là, on souffrit de la sécheresse. Il demeura en cet endroit deux ans et demi, le temps que dura l’absence du sultan. Les esclaves de Chihâb eddîn labouraient le sol pendant le jour ; ils entraient la nuit dans la caverne, et la fermaient sur eux et sur les troupeaux, par crainte des voleurs hindous, qui habitaient sur une montagne voisine et inaccessible.

Quand le sultan retourna dans la capitale, le cheïkh alla à sa rencontre, et ils se virent à sept milles de Dihly. Le souverain l’honora, l’embrassa dès qu’il l’aperçut, et Chihâb eddin retourna ensuite à sa grotte. Le monarque l’envoya quérir quelque temps après cela ; mais il refusa de se rendre près de lui. Alors le sultan lui expédia Mokhlis almolc, annodhrbâry (littéralement, celui qui répand, ou qui porte les avertissements, etc.), qui était un des principaux rois. Il parla à Chihâb eddîn avec beaucoup de douceur, et lui dit de faire attention à la colère du monarque. Le cheïkh répondit : « Je ne servirai jamais un tyran. » Mokhlis almolc retourna