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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 3.djvu/388

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des injures contre le sultan, et il l’invectivait d’une manière indigne ; le souverain entendit tout et reconnut sa voix. Lors de la fuite, ’Aïn almolc dit à son lieutenant Ibrâhîm attatary : « Quel est ton avis, ô roi Ibrâhîm ? La plus grande partie de l’armée est en déroute, et les plus courageux eux-mêmes s’enfuient. Ne penses-tu pas qu’il soit temps de nous sauver ? » Alors Ibrâhîm dit à ses compagnons, dans leur langage : « Quand ’Aïn almolc voudra fuir, je saisirai sa tresse de cheveux ; à l’instant vous frapperez son cheval, afin que l’émir tombe par terre ; nous l’arrêterons, nous le mènerons au sultan, pour que cela soit une expiation de la faute que j’ai commise de me révolter avec lui contre le souverain, et une cause de ma future délivrance. » En effet, ’Ain almolc se disposant à s’enfuir, Ibrâhîm lui cria : « Où vas-tu, ô sultan ’Alâ eddin ? ». Car tel était son surnom. Il le prit par sa natte de cheveux ; ses gens blessèrent le cheval du rebelle, qui tomba, et Ibrâhîm se jeta sur ’Aïn almolc et le saisit. Les camarades du vizir s’empressèrent de le réclamer, mais Ibrâhîm ne voulut pas le livrer,