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D’IBN BATOUTAH.

6° quatre marthabân, ou grands vases de porcelaine, remplis de gingembre, de poivre, citron et mangue ; le tout étant salé, et de ces choses qu’on prépare pour servir aux voyages sur mer.

Le patron du navire m’a raconté qu’Ordoudjâ compte dans son armée des femmes libres, des filles esclaves et des captives, qui combattent comme les hommes ; qu’elle sort avec les troupes, composées d’hommes et de femmes, qu’elle fait des invasions dans les terres de ses ennemis, qu’elle assiste aux combats, et qu’elle lutte contre les braves. Il m’a dit aussi qu’une fois une bataille opiniâtre eut lieu entre cette princesse et l’un de ses ennemis ; qu’un grand nombre des soldats d’Ordoudjâ furent tués, et que toutes ses troupes étaient sur le point de prendre la fuite ; qu’alors la princesse se lança en avant, qu’elle traversa les rangs des guerriers, jusqu’à ce qu’elle fût arrivée au roi qu’elle combattait ; qu’elle le perça d’un coup mortel, qu’il en mourut, et que ses troupes s’enfuirent ; qu’Ordoudjâ revint avec la tête de son ennemi sur une lance, et que les parents de celui-ci dégagèrent, ou rachetèrent d’Ordoudjâ cette tête, au moyen de riches tré-