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VOYAGES

[texte arabe]

rait dit qu’il éprouvait du regret de ce qu’il avait raconté. Nous fûmes téméraires, nous entrâmes dans la grotte pour le surprendre ; mais nous ne le trouvâmes pas. Nous vîmes un de ses compagnons qui tenait quelques béouâlicht de papier (billets de banque, au singulier bâlicht), et qui nous dit : « Voici pour votre repas d’hospitalité, allez-vous-en. » Nous lui répondîmes : « Nous voulons attendre le personnage. » Il reprit : « Quand même vous resteriez en ce lieu dix ans, vous ne le verriez pas. Or c’est son habitude de ne plus se laisser voir jamais par l’individu qui a connu un de ses secrets. » Il ajouta : « Ne pense pas qu’il soit absent ; au contraire, il est ici présent avec toi. » Je fus surpris de tout cela, et je partis ; je racontai son histoire au kâdhi, au cheïkh de l’islamisme et à Aouhad eddîn de Sindjâr. Ils dirent : « C’est là sa manière d’agir avec les étrangers qui vont le visiter ; personne ne sait quelle religion il professe, et celui que vous avez cru être un de ses compagnons , c’était le cheïkh même. » Ils m’apprirent que ce personnage avait quitté cette contrée-là pendant cinquante