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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

gea, le ciel devint noir, et la pluie tomba en abondance. Durant dix jours, nous fûmes sans voir le soleil ; puis nous entrâmes dans une mer inconnue. Les marins eurent peur et voulurent retourner en Chine , mais ils ne le purent point. Nous passâmes ainsi quarante-deux jours, sans savoir dans quelle eau nous étions.


DE L’OISEAU MONSTRUEUX NOMMÉ ROKKH.

Au quarante-troisième jour, nous vîmes, après l’aurore, une montagne dans la mer, à environ vingt milles de distance, et le vent nous portait tout droit contre elle. Les marins furent surpris, et dirent : « Nous ne sommes pas dans le voisinage de la terre ferme, et l’on ne connaît point de montagne dans cette mer. Si le vent nous force à heurter contre celle-ci, nous sommes perdus. » Alors tout le monde eut recours aux humiliations, au repentir, au renouvellement de la résipiscence. Nous nous adressâmes tous à Dieu par la prière, et cherchâmes un intermédiaire dans son prophète Mahomet. Les marchands promirent de nombreuses aumônes,