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VOYAGES

[texte arabe]

que j’inscrivis pour eux de ma propre main sur un registre. Le vent se calma un peu, nous vîmes, au lever du soleil, ce mont, qui était très-haut dans l’atmosphère, ou les airs, et nous distinguâmes le jour qui brillait entre lui et la mer. Nous fûmes étonnés de cela ; j’aperçus les marins qui pleuraient, se disant mutuellement adieu, et je fis : « Qu’avez-vous donc ? » Ils me répondirent : « Certes, ce que nous avions pris pour une montagne, c’est le Rokkh ; s’il nous voit, il nous fera périr. » Il était à ce moment-là à moins de dix milles de la jonque. Ensuite le Dieu très-haut nous fit la grâce de nous envoyer un bon vent, qui nous détourna de la direction du Rokkh ; nous ne le vîmes donc pas, et ne connûmes point sa véritable forme.

Deux mois après ce jour, nous arrivâmes à Sumatra et descendîmes dans la ville de ce nom. Nous trouvâmes que son sultan, le roi Zhâhir, venait d’arriver d’une de ses expéditions guerrières ; il avait ramené beaucoup de captifs, d’entre lesquels il m’envoya deux jeunes filles et deux garçons. Il me logea, comme à l’ordinaire, et je fus témoin de la noce