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TRIBUS ARABES.

Ce fut en l’an 771 (1369), que ce prince quitta la frontière occidentale de l’empire, accompagné de l’émir des nomades, Mansour, fils de Hamza, qui s’était rallié à lui. Son oncle, le sultan Abou-Ishac, chef de la nation almohade, et maître de la capitale et des forces de l’empire, venait de mourir, et Khaled, fils de celui-ci, s’était emparé du pouvoir. Abou-’l-Abbas, ayant pénétré en Ifrîkïa, enleva Tunis d’assaut, en l’an 772. Dès-lors il déploya une grande sévérité contre les Arabes, et les ayant forcés à se courber devant ses armes, il mit enfin un terme à leurs débordements. Cette ligne de conduite déplut tellement à Mansour, qu’il cessa de reconnaître l’autorité de l’empire, et proclama sultan l’émir Abou-Yahya-Zékérïa, fils du sultan [Abou-Bekr, surnommé] Abou-Yahya. Ce prince était resté pendant quelques années parmi les Arabes nomades, comme on le verra dans notre histoire de la dynastie hafside. En 773, Mansour marcha avec son protégé contre Tunis, mais ayant été découragé par la résistance que cette ville lui opposa, il fit la paix avec le sultan, et depuis lors, il le servit avec fidélité. Le rang élevé auquel il venait d’atteindre ainsi que l’extrême sévérité qu’il déploya envers les Arabes dont il était le chef, lui attirèrent enfin la haine de ses propres parents. Aussi, en l’an 775 (1373-4), il fut blessé à mort d’un coup de lance que lui porta son neveu Mohammed-Ibn-Abi-’l-Leil et mourut le même jour.

La désunion se mit alors dans la tribu, et le commandement passa à Soula-Ibn-Khaled-Ibn-Hamza, neveu de Mansour, auquel on donna pour lieutenant un fils de Moulahem-Ibn-Omar. Soula montra d’abord un certain degré de zèle pour les intérêts du sultan, mais il jeta bientôt le masque et, pendant l’espace de trois années, il demeura en état de rébellion. Le sultan confia alors le commandement des Arabes à Mohammed-Ibn-Taleb-Ibn-Mohelhel, membre de la famille rivale [de celle d’Abou-’l-Leil]. Il autorisa les fils de cette maison à donner et à refuser des grâces aux tribus arabes, et il leur assigna le premier rang parmi les autres chefs. Les fils de Moulahem-Ibn-Omar-Ibn-Abi-’l-Leil vinrent aussi se rallier au sultan, mais pendant long-temps, la famille de Hamza continua à s’agiter dans la révolte.