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DOMINATION ARABE.

avaient enseignées, ses deux fils s’étaient rendus aux Arabes avant la dernière bataille.

Rentré à Cairouan, Hassan organisa des bureaux pour l’administration du pays, et moyennant le paiement de l’impôt (kharadj), il accorda la paix à tous les Berbères qui offraient leur soumission. Par une ordonnance écrite, il soumit au même tribut les individus de race étrangère qui se trouvaient encore en Ifrîkïa, ainsi que cette portion des Berbères et des Beranès qui était restée fidèle au christianisme.

Quelque temps après, les Berbères se disputèrent la possession de l’Ifrîkïa et du Maghreb, de sorte que ces provinces furent presque dépeuplées. Quand le nouveau gouverneur, Mouça-Ibn-Noceir, arriva à Cairouan et vit l’Ifrîkïa changée en une vaste solitude, il y fit venir les populations d’origine étrangère qui se trouvaient dans les provinces éloignées, et ayant tourné ses armes contre les Berbères, il soumit le Maghreb et força ce peuple à rentrer dans l’obéissance.

Tarec-Ibn-Ziad, reçut de lui le commandement de Tanger et s’y installa avec douze mille Berbères et vingt-sept Arabes[1] chargés d’enseigner à ces néophytes le Coran et la loi. Mouça s’en retourna alors en Ifrîkïa. En l’an 101 (719-20), le reste des Berbères embrassa l’islamisme, grâce aux efforts d’Ismaël, fils d’Abd-Allah, et petit-fils d’Abou-’l-Mohadjer.

Abou-Mohammed, fils d’Abou-Yezîd[2] raconte que, depuis Tripoli jusqu’à Tanger, les populations berbères apostasièrent douze fois, et que l’islamisme ne fut solidement établi chez elles qu’après la conquête du Maghreb et le départ de Mouça-Ibn-Noceir et de Tarec pour l’Espagne. Ces chefs emmenèrent avec eux un grand nombre de guerriers et des cheikhs berbères, afin d’y combattre les infidèles. Après la conquête de l’Espagne, ces auxiliaires s’y fixèrent, et depuis lors, les Berbères du Maghreb

  1. Selon un auteur cité dans l'El-Baïan-el-Moghrib, Tarec lui-même était berbère et appartenait à la tribu d’Oulhaça.
  2. Les manuscrits et le texte imprimé portent Zeid. (Voyez ci-devant, page 28, note.)