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LES LOUATA.

cause d’une femme des Oudjedîdjen qui avait épousé un des Louata. Comme ceux-ci lui reprochèrent sa pauvreté, elle écrivit à sa famille pour se plaindre d’eux. Les Oudjedîdjen, qui eurent alors pour chef un nommé Einan, se concertèrent ensemble, et demandèrent l’appui des Zenata qui vivaient derrière eux ; ils reçurent un corps de renfort que leur expédia Yala-Ibn-Mohammed-el-Ifreni, pendant que d’un autre côté, ils virent arriver à leur secours la tribu de Matmata commandée par l’émir Gharana[1]. Alors ils marchèrent tous contre les Louata, et, après plusieurs conflits, dans un desquels Einan[2] perdit la vie, ils expulsèrent leurs adversaires de la partie occidentale du Seressous et les rejetèrent dans la montagne située au midi de Tèhert et qui s’appelle Guerîgnera jusqu’à ce jour. Les Louata y trouvèrent une peuplade maghraouienne qui, au mépris des devoirs de l’hospitalité, rassembla ses forces et finit par les chasser du territoire qui leur restait encore, du côté de l’orient, à Mont-Yaoud. Par suite de ces revers, ils allèrent se fixer sur la montagne appelée Derrag, d’où ils étendirent leurs établissements vers l’intérieur du Tell et jusqu’à la montagne qui domine la ville de Metîdja. Ils sont aujourd’hui une tribu soumise à l’impôt. La montagne de Derrag fait partie du territoire concédé à la famille Yacoub-Ibn-Mouça, cheikhs des Attaf, tribu zoghbienne.

On trouve encore quelques peuplades louatiennes dans le Djebel-Louata, montagne située au midi de Cabes et de Sfax. Parmi elles on remarque les Beni-Mekki, famille qui, de nos jours, est maîtresse de Cabes.

Selon El-Masoudi, une nombreuse population louatienne occupait les Oasis d’Égypte, régions dont elles étaient maîtresses à l’époque où il écrivait ; mais à présent, Dieu seul sait ce que ces gens sont devenus.

Les Zenara, branche des Louata, habitent les plaines qui s’étendent depuis le Bahîra (lac) d’Alexandrie jusqu’au Caire.

  1. Variantes : Azana, Gharaba.
  2. Variantes : Allal, Eilac, etc.