Aller au contenu

Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
LES MAGHÎLA — BENI-FATEN.

Mazouna, ville qui existe encore. Ce fut d’un des ports de leur territoire qu’Abd-er-Rahman, surnommé Ed-Dakhel (l’intrus, le nouveau venu), et fondateur de la dynastie oméïade d’Espagne, mit à la voile pour aborder à Almuñecar, en Andalousie.

La tribu de Maghîla donna le jour à Abou-Corra-el-Maghîli, prince sofrite qui régna quarante ans, assiégea Tobna et livra plusieurs batailles aux émirs arabes de Cairouan. Il vécut vers le commencement de la dynastie abbacide. On dit, cependant, qu’il appartenait à la tribu d’Ifren, et comme cette opinion me paraît conforme à la vérité, je renvoie le lecteur au chapitre où je donne l’histoire des Beni-Ifren, branche des Zenata.

Abou-l’-Hassan, chef qui se révolta en Ifrîkïa dans les premiers temps de l’islamisme, appartenait à la tribu de Maghîla, ainsi qu’Abou-Hatem-Yacoub, fils de Lebib, fils de Medyen, fils d’Itouweſt, fils de Melzouz. Selon les récits de Khaled, fils de Khodach et de Khalifa-Ibn-Kheïat, savants maghiliens, Abou-Hatem et Abou-Corra prirent les armes en l’an 150 (767-8), et s’emparèrent de Cairouan.

Au nombre de leurs chefs les Maghîla comptaient aussi Mouça-Ibn-Kholeid, Melih-Ibn-Alouan et Hassan-Ibn-Zeroual, le même qui accompagna Abd-er-Rahman l’oméïade en Espagne.

Sous le règne de Yala-Ibn-Mohammed-el-Ifreni, les Maghîla eurent pour émir Deloul-Ibn-Hammad, celui qui bâtit Igri[1], ville située à douze milles de la mer et dont on ne trouve plus que les ruines. De nos jours, il ne se rencontre pas une seule tribu maghilienne ni même une seule famille de cette race dans la localité que nous venons d’indiquer.

La seconde des deux bandes dans lesquelles les Maghîla se partageaient habitait le Maghreb-el-Acsa. Lors de l’arrivée d’Idris-Ibn-Abd-Allah en Maghreb, elle se réunit aux Auréba et aux Sadina, pour protéger ce prince et pour soutenir sa cause ; elle porta aussi les autres tribus berbères à imiter leur exemple. Jusqu’à la chute des Idrîcides, elle leur témoigna un dévouement inaltérable. Dans le territoire qu’elle occupa et qui est situé

  1. Variantes : Aikouni, Aikdi, Aifkan, etc.