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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/378

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HISTOIRE DES BERBÈRES

des noms arabes, tandis la famille de ce chef était berbère, ainsi qu’ils le reconnaissent eux-mêmes. C’est encore une erreur que de faire descendre Satfour de Matmat ; tous les généalogistes berbères s’étant accordés à les représenter comme frères. Quoi qu’il en soit, Abd-el-Moumen appartenait certainement à la tribu des Koumïa ; Dieu seul peut en savoir le contraire. La famille dans laquelle il naquit jouissait d’une certaine considération et habitait Tagrart, château situé sur la montagne qui domine Honein du côté de l’orient. Abd-el-Moumen était encore dans sa première jeunesse quand il quitta sa tribu pour aller s’instruire dans la loi. Arrivé à Tlemcen, il prit des leçons des principaux docteurs de cette ville, tels qu’Ibn-Saheb-es-Salat et Abd-es-Selam-et-Tounici (le tunisien), homme d’une piété extraordinaire et le premier docteur du siècle dans la jurisprudence et la théologie scholastique. Il gît maintenant dans le mausolée qui recouvre le tombeau du cheikh Abou-Medîn. Abd-el-Moumen perdit cet habile maître avant d’avoir acquis une connaissance parfaite des sciences qu’il enseignait, et dévoré toujours par la soif de s’instruire, il désira connaître à fond les diverses leçons du Coran[1]. Ce fut alors qu’on apprit l’arrivée de Mohammed-Ibn-Toumert à Bougie. Ce docteur ne portait pas encore le titre de Mehdi, et se faisait appeler El-Fakîh-es-Souci (le légiste de Sous). Parti de l’Orient pour rentrer en Maghreb, Ibn-Toumert s’était occupé, pendant tout le temps de son voyage, à réformer les mœurs dans les localités qu’il traversait et à en faire disparaître les usages qui offensaient la loi divine. Propagateur zélé des lumières de la science, il donnait des consultations sur des questions de droit et enseignait la jurisprudence et la théologie. Profondément versé dans les doctrines de l’école d’El-Achâri[2],

  1. Il y a sept leçons ou éditions du Coran, reconnues par les docteurs comme également authentiques. Elles ne diffèrent en général que dans la manière de ponctuer et prononcer certains mots, ce qui influe quelquefois sur le sens du texte.
  2. Dans l’Introduction à la lecture du Coran par Sale, on trouvera une exposition de la doctrine acharite. Les membres de cette secte entretenaient des opinions particulières au sujet des attributs divins et de