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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/390

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HISTOIRE DES BERBÈRES.

avènement au trône. Ahmed, son frère et successeur, exerça l’autorité souveraine jusqu’à l’an 309 (921-2), quand Messala-Ibn-Habbous, général d’Obeid-Allah-el-Mehdi, et commandant de l’armée ketamo-miknacienne, soumit encore le Maghreb. S’étant emparé de Sidjilmessa, il fit prisonnier Ahmed-Ibn-Meimoun et donna le commandement de la ville à un cousin de celui-ci, nommé El-Motezz. Le nouveau gouverneur, qui était fils de Mohammed, fils de Bessader, fils de Midrar, se déclara indépendant bientôt après sa nomination. Il mourut en 321 (933), peu de temps avant la mort d’El-Mehdi. Abou-’l-Montacer-Mohammed, fils et successeur d’El-Motezz, mourut au bout de dix [jours] et son fils, El-Montacer-Semgou, fut revêtu de l’autorité souveraine. Comme ce prince était très-jeune, sa grand’mère s’empara des rênes du gouvernement, mais au bout de deux mois, elle se les laissa arracher par Mohammed, fils d’El-Feth et petit-fils de Meimoun.

Pendant ces derniers temps, les Fatemides avaient eu à combattre Ibn-Abi-’l-Afïa et à comprimer les mouvements qui eurent lieu à Tèhert, et comme l’insurrection d’Abou-Yezîd survint ensuite et les empêcha de porter leurs armes dans les provinces éloignées, Mohammed en profita pour se rendre indépendant. Il colora cette démarche en faisant célébrer la prière publique au nom du khalife abbacide. Ayant alors renoncé à la religion des kharedjites, il embrassa la croyance orthodoxe des sonnites et prit le surnom d’Es-Chaker-Lillah (le reconnaissant envers Dieu). Il fit même battre monnaie portant son nom et son titre honorifique. Ces pièces furent appelées dirhems chakeriens, à ce que nous apprend Ibn-Hazm.

Le même auteur nous fournit, au sujet de ce prince, les renseignements suivants : « Il gouverna avec une justice admirable ; mais, quand les Fatemides furent parvenus à comprimer les révoltes qui avaient occupé jusqu’alors toute leur attention, il se vit menacer par Djouher-el-Kateb, général de Moëzz-li-Dîn-Illah-Mâdd, qui, en l’an 347 (958-9), marcha contre le Maghreb à la tête d’une armée composée de Ketamiens, de Sanhadjiens et de troupes auxiliaires. Sidjilmessa succomba, et