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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/497

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EN-NOWEIRI.

vengé sa mort. » El-Yas hésita à accepter ce défi, mais une clameur générale s’éleva contre lui : « La proposition est très-juste, s’écria-t-on ; ne sois pas poltron ! prends garde que ta lâcheté ne t’expose pas, ainsi que tes enfants, au mépris de tout le monde. » Il se décida donc à combattre, et les deux adversaires coururent l’un sur l’autre. D’un coup d’épée, El-Yas atteignit Habîb à travers ses habits et sa cotte-de-mailles ; Habîb riposta par un coup qui le renversa de son cheval, et sautant aussitôt à terre, il se jeta sur lui et lui coupa la tête. D’après ses ordres, ce trophée fut placé au bout d’une lance. Abd-el-Ouareth s’enfuit avec ses partisans, et chercha un refuge chez une tribu berbère nommée Ourfeddjouma. Habîb entra à Cairouan, en faisant porter devant lui la tête de son oncle, celle de Mohammed fils d’Ocba-Ibn-Nafê, oncle de son père, et celle de Mohammed-Ibn-el-Mogheira-Ibn-Abd-er-Rahman, de la tribu de Coreich. A son arrivée il eut la visite de Mohammed-Ibn-Amer-Ibn-Mosab-el-Fezari, qui avait épousé la tante de son père [Abd-er-Rahman] ; il était venu féliciter Habîb de son succès ; mais celui-ci lui fit couper la tête. Tous ces événements se passèrent dans le mois de Redjeb 138 (décembre-janvier 755-756).

L’historien dit : Abd-el-Ouareth arriva avec ses compagnons chez les Ourfeddjouma et reçut l’hospitalité d’Acem-Ibn-Djemîl, chef de cette tribu. Habîb somma Acem, par écrit, de livrer ses hôtes, et, sur son refus, il se mit en marche pour l’y contraindre, après avoir confié le commandement de la ville [de Cairouan] au cadi Abou-Koreib-Djemîl-Ibn-Koreib. Acem vint lui livrer bataille et le força de prendre la fuite. Par suite de cet événement, la puissance des Ourfeddjouma s’accrut au point que plusieurs des notables de Cairouan conçurent des craintes pour leur sûreté personnelle et entrèrent en correspondance avec eux. Acem et son frère Mokerrem s’avancèrent alors à la tête d’une armée composée de Berbères et de gens qui s’étaient ralliés à eux, et, arrivés dans le voisinage de Cabes, ils prirent la route de Cairouan. Abou-Koreib partit pour s’opposer à leur progrès. Quand les deux armées furent en présence, plusieurs habitants de Cairouan sortirent des rangs des Berbères et invitèrent