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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/502

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APPENDICE.

rent dans les fers le lieutenant qu’Ibn-Rostem avait laissé chez eux, et, en attendant l’arrivée d’Ibn-el-Achâth, ils mirent à leur tête Amr-Ibn-Othman, de la tribu de Coreich. Entré à Tripoli, Ibn-el-Achâth confia le commandement de cette ville à El-Mokharec-Ibn-Ghifar de la tribu de Taï, et il envoya Ismaîl-Ibn-Ikrima-el-Khozaï prendre possession de la ville et du territoire de Zouîla. Ikrima se rendit maître de ce pays et en extermina tous les kharedjites. Ibn-el-Achâth fit son entrée à Cairouan le samedi 1er du mois de Dou-’l-Câda, et donna l’ordre de relever les murailles de cette ville. Ce travail, commencé le samedi, 10 du mois de Djomada premier, fut terminé dans le mois de Redjeb 146 (septembre-octobre 763). Ibn-el-Achâth réduisit alors toute l’Ifrîkïa sous sa domination et s’attacha à exterminer les Berbères qui osaient encore lui résister. Cette sévérité frappa les autres d’une telle épouvante qu’ils s’empressèrent de faire leur soumission. Quelque temps après, le bruit se répandit dans la milice que son chef, Ibn-el-Achâth, avait reçu une lettre de rappel du khalife El-Mansour, et qu’il refusait d’y obéir ; aussi, ce corps prit la résolution de le renvoyer et de lui substituer un nommé Eïça-Ibn-Mouça, natif de Khoraçan. Convaincu que toute résistance serait inutile, Ibn-el-Achâth quitta le pays dans le mois de Rebiâ premier de l’an 148 (mai 765). Eïça-Ibn-Mouça prit alors le commandement, sans l’autorisation du khalife et contrairement au vœu du peuple, car il n’avait reçu son pouvoir que des seuls chefs moderites[1].

§ XXVII. — GOUVERNEMENT D’EL-AGHLEB, FILS DE SALEM, FILS D’EICAL, FILS DE KHAFADJA, DE LA TRIBU DE TEMÎM[2].

L’historien rapporte qu’El-Mansour, ayant appris la conduite des Moderites, fit porter à El-Aghleb, qui se tenait alors dans la

  1. C’est-à-dire : des chefs arabes qui tiraient leur origine de Moder, l’ancêtre des tribus de Coreich, Temîm, Kinana, etc.
  2. Ibn-el-Abbar donne à El-Aghleb le surnom d’Abou-Djâfer. Le même historien rapporte, comme un on-dit, que ce fut lui qui tua Abou-Moslem, le célèbre général des Abbacides.