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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/509

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EN-NOWEIRI.

et vous donner du repos ? » — « Oui, reprit-il, mais ce sera un repos qui se prolongera jusqu’au jour de la résurrection ! Ecoute mes dernières volontés. » — Il me les dicta, et sortant alors comme un chameau enragé, il se précipita sur les assiégeants et ne cessa de frapper à coups de lance et à coups d’épée jusqu’à ce qu’enfin il eut reçut lui-même un coup mortel. » Cet événement eut lieu le dimanche, 15 du mois de Dou-’l-Hiddja de l’an 154 (novembre 771).

A sa mort, Djemîl-Ibn-Sakhr, son frère utérin et son successeur, continua la résistance ; mais il proposa enfin à Abou-Hatem de rendre la ville aux conditions suivantes : Qu’Abou-Hatem n’exigerait pas des assiégés de renoncer à l’autorité de leur souverain, ni de déposer le vêtement noir [la livrée des Abbacides] ; que les Berbères ne se vengeraient pas sur eux du sang déjà répandu ; qu’enfin aucun soldat de la milice ne serait forcé de se défaire de ses armes ni de sa monture. Ces conditions ayant été acceptées, Djemîl livra la place aux rebelles, et, en même temps, la plus grande partie de la milice prit le chemin de Tobna. Abou-Hatem mit le feu aux portes de la ville et démantela les murailles ; puis, à la nouvelle de l’approche de Yezîd-Ibn-Hatem, il partit pour Tripoli, laissant à Abd-el-Azîz-Ibn-es-Samh-el-Mâferi le commandement de Cairouan. Ensuite il envoya à cet officier l’ordre de désarmer les soldats de la milice, de les empêcher de se réunir, même deux à deux, et de les lui envoyer les uns après les autres. Ces guerriers, encouragés maintenant par l’approche de Yezîd-Ibn-Hatem, se rassemblèrent tous et prirent l’engagement solennel de ne pas se soumettre à un pareil ordre. Ils allèrent ensuite trouver Omar-Ibn-Othman-el-Fihri, et, l’ayant mis à leur tête, ils attaquèrent les partisans d’Abou-Hatem et les taillèrent en pièces. Abou-Hatem partit aussitôt de Tripoli pour châtier ces Arabes. Après avoir soutenu un combat dans lequel un grand nombre de Berbères perdirent la vie, Omar, à la tête de ses compagnons, se dirigea vers Tunis, pendant que Djemîl-Ibn-Sakhr et El-Djoneid-Ibn-Séïar prirent le chemin de l’Orient. Abou-Hatem se mit à la poursuite de son adversaire, en se faisant précéder