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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/536

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APPENDICE.

ville de Cabes. Les miliciens lui écrivirent alors pour l’engager à sortir de la province et à se retirer où il voulait ; promettant, en ce cas, de respecter sa personne, ses biens, et tout ce qui se trouvait dans son château. Zîadet-Allah prit conseil de ses compagnons au sujet de cette proposition, et Sofyan-Ibn-Souada lui dit : » Faites-moi voir le registre où sont inscrits les noms des soldats qui composent les troupes de votre maison, pour que je choisisse parmi eux deux cents cavaliers d’un courage éprouvé. » Ayant fait son choix, il leur donna une gratification et sortit avec eux jusqu’à Nefzaoua, pays qui se trouvait occupé par un chef de la milice, nommé Abd-es-Samed-Ibn-Djenah-el-Baheli. Ayant ensuite fait un appel aux Berbères de ces contrées, et rassemblé une foule de Zenata et d’autres tribus, il oocupa successivement toutes les villes de cette région, et parvint jusqu’à Castîlïa d’où il alla rejoindre Zîadet-Allah. Ceci se passa en l’an 218 (833). Saîd [un témoin oculaire de cette expédition] déclara qu’il n’avait jamais vu une troupe plus fortunée que ces deux, cents cavaliers. La désunion et la jalousie ne tardèrent pas à se mettre parmi les miliciens, et la discorde naquit aussi entre Mansour et Amer-Ibn-Nafè, lequel finit par assiéger son collègue dans le château de Tonboda. Il fut alors convenu, par des médiateurs, que Mansour et les gens de sa maison auraient la vie sauve, qu’il conserverait ses richesses et s’embarquerait pour l’Orient. Dans cette extrêmité, un de ses amis lui conseilla de ne pas subir une telle humiliation et de se transporter plutôt à Laribus, ville dont les habitants lui étaient tout dévoués; aussi il quitta son château pendant la nuit pour s’y rendre. Le lendemain, Amer s’aperçut de sa fuite, et partit pour l’assiéger dans Laribus. Contraint, enfin, à capituler, Mansour obtint la permission d’aller à Tunis, d’où il devait s’embarquer pour l’Orient. Amer lui fournit une escorte de cavalerie pour l’accompagner, mais il avait donné l’ordre au commandant de ce détachement de prendre la route de Carna[1], et d’enfermer Mansour dans la prison de cette ville. Arrivé à Carna, le commandant de l’escorte mit Mansour aux arrêts dans

  1. Ailleurs, ce nom est écrit Cariça, Carïa, Djerba.