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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/537

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EN-NOWEIRI.

la maison de Hamdîs, fils d’Amer, et celui-ci ayant bientôt après reçu de son père un ordre écrit, s’y conforma en faisant décapiter le prisonnier. Amer fit subir le même sort au frère de Mansour, ot ayant alors réuni toutes les milices sous son autorité, il se crut près d’atteindre au but qu’il s’était proposé, Zîadet-Allah lui écrivit pour l’engager à rentrer dans l’obéissance, en lui promettant une grâce entière. Amer répondit à cette lettre par l’énumération de tous les crimes dont le prince aghlebide s’était rendu coupable et il termina par ces mots : « Une assez grande amitié n’existe pas entre vous et moi pour que la guerre ne continue pas ; Dieu nous jugera, et il est le meilleur des juges. » Bientôt après, les affaires d’Amer prirent une tournure défavorable ; les milices montrèrent de l’insubordination, et les chefs de celles d’Égypte, indignés de sa conduite envers Mansour et son frère, tournèrent leurs armes contre lui. Abd-es-Selam-Ibn-el-Féredj, gouverneur de Bédja, méconnut aussi son autorité, et s’étant fait prêter serment de fidélité par un nombre considérable de la milice, il marcha contre lui, l’attaqua vivement et le força à se réfugier dans Carna. Dès lors, la conféderation de la milice se brisa et le pouvoir de Zîadet-Allah commença à se relever. Quelque temps après, Amer tomba malade, et se voyant près de sa fin, il appela ses fils et leur dit : « Mes chers enfants ! je n’ai jamais trouvé aucun avantage dans la rébellion ; ainsi, quand je serai mort, et que vous m’aurez enseveli, allez voir Zîadet-Allah avant de vous occuper d’autre chose ; il est d’une famille renommée pour la clémence, et j’ai tout lieu d’espérer qu’il vous verra avec plaisir et qu’il vous fera un accueil des plus favorables. » Dès que leur père fut mort, ils se rendirent auprès du prince, et les miliciens eux-mêmes vinrent, les uns après les autres, pour solliciter leur grâce. Zîadet-Allah les accueillit avec bonté et s’empressa de rassurer tout le monde. Abd-es-Selam, assiégé très-étroitement par les troupes de Zîadet-Allah, fut enfin trouvé mort, ayant péri de soif, à ce que l’on dit[1]. Sa tête fut envoyé au prince aghlebide, et

  1. En l’an 219, Fadl-Ibn-Abi-’l-Anber se révolta dans la peninsule de Chérik, et Abd-es-Selam-Ibn-el-Féredj vint se joindre à lui. Zîadet-Allah fit marcher une armée contre eux, et dans un combat acharné