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XLV
INTRODUCTION.

Khaldoun, il finit par y donner son consentement. Vers le milieu de l’an 766 (mars-avril 1365), notre auteur fit voile d’Alméria, et, après quatorze jours de navigation, il débarqua à Bougie où le sultan Abou-Abd-Allah avait fait de grands préparatifs pour le recevoir. Revêtu sur le champ des fonctions de chambellan, il y réunit celles de prédicateur de la grande mosquée, et tous les matins, après avoir expédié les affaires publiques, il se rendait à la mosquée de la citadelle afin d’y enseigner la jurisprudence pendant le reste de la journée. Vers cette époque, le sultan fut obligé de conduire une expédition contre les Douaouida, Arabes nomades dont une partie s’était établie dans le Ferdjîoua, et Ibn-Khaldoun prit une part très-active à cette expédition.

En l’an 767 (1365-6), le sultan sortit de nouveau pour repousser son cousin, Abou-’l-Abbas, seigneur de Constantine, qui venait d’envahir le territoire de Bougie ; mais il se laissa surprendre dans son camp, pendant la nuit, et y perdit la vie. « Plusieurs habitants de Bougie vinrent alors, dit Ibn-Khaldoun, me trouver au palais où je résidais, et me prièrent de prendre la haute direction des affaires et de proclamer un des enfants d’Abou-Abd-Allah. Loin d’écouter cette proposition, je sortis de la ville, et me rendis auprès d’Abou-’l-Abbas dont je reçus un excellent accueil. Je le mis alors en possession de Bougie. »

Malgré le service important qu’il venait de rendre au seigneur de Constantine, il ne put réussir à gagner sa confiance, et s’étant aperçu que des gens malveillants le dépeignaient au prince comme un homme fort dangereux, il se décida à demander un congé de départ. À peine eut-il quitté Bougie que le prince Abou-’l-Abbas fit emprisonner Yahya-Ibn-Khaldoun et fouiller les maisons des deux frères, dans le vain espoir d’y trouver des trésors. Dans l’intervalle, l’ex-chambellan avait passé chez les chefs des Arabes douaouida pour se rendre auprès du seigneur de Biskera, Ahmed-Ibn-Mozni, dont il avait connu le père. Ce chef le reçut très-bien et l’aida de sa bourse et de son influence.

À peine fut-il installé à Biskera qu’Abou-Hammou, sultan de Tlemcen, fut informé de sa disgrâce, et comme il méditait une expédition contre Bougie, il lui envoya l’invitation de venir à