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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/557

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EN-NOWEIRI.

aban- pour rentrer en Ifrîkïa[1]. Cette circonstance l’obligea de rebrousser chemin et de rentrer à Raccada d’où il partit ensuite pour Tunis.

En l’an 284, Ibrahîm envoya son fils, Abou-’l-Abbas, en Sicile pour y faire la guerre. Débarqué en cette île au mois de Djomada premier (juin 897), ce prince attaqua les troupes de l’ennemi, les mit en déroute, emporta leur ville[2] d’assaut et y tua beaucoup de monde. Ayant alors rassuré les esprits en accordant une amnistie générale, il traversa le détroit dans le dessein d’attaquer les Roum, puis il rentra en Sicile après avoir tué beaucoup de monde et enlevé les enfants des vaincus.

§ XLVIII. — ABDICATION D’IBRAHÎM ; DERNIÈRE CAMPAGNE ET MORT DE CE PRINCE.

En l’an 289 (902), un ambassadeur, chargé par le khalife abbacide, El-Motaded-Billah, de faire à Ibrahîm une communication verbale, se rendit de Baghdad à Tunis, et Ibrahîm alla au-devant de lui jusqu’à la Sibkha. Nous devons dire que le khalife avait reçu, des habitants de Tunis, une adresse dans laquelle ils se plaignaient de la conduite d’Ibrahîm à leur égard et lui représentaient que les femmes et les enfants dont Ibrahîm lui avait fait présent [comme esclaves] étaient les leurs[3]. Pénétré d’indignation à cette nouvelle, El-Motaded envoya à Ibrahîm l’ordre d’abandonner à son fils Abou-’l-Abbas le gouvernement de l’Ifrîkïa et de

  1. Voici comment l’auteur du Baïan explique cet événement : « Ensuite Ibrahîm se porta de Tripoli à Taourgha où il tua quinze hommes et donna l’ordre de cuire leurs têtes ; faisant accroire en même temps, que lui et ses officiers voulaient en manger. L’armée en fut épouvantée ; les soldats se dirent : l’émir est devenu fou ! et ils se mirent à déserter. »
  2. Ibn-el-Athîr et son copiste Ibn-Khaldoun placent en l’an 287 la nomination d’Abou-’l-Abbas au gouvernement de la Sicile. La ville dont En-Noweiri oublie de mentionner le nom fut Palerme, qui appartenait alors aux musulmans. Les habitants s’étaient mus en révolte, et capitulèrent après avoir essuyé une défaite sanglante.
  3. On a déjà vu, page 429, qu’après la prise de Tunis, en 279, les habitants furent réduits en esclavage.