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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/567

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EN-NOWEIRI.

chissait devant lui. Dans la crainte qu’il ne s’emparât de Cairouan, Zîadet-Allah quitta Tunis précipitamment afin de se rendre dans cette ville. En y arrivant, il en fit relever les murailles, mais tout fut inutile : le Chîite, fort de l’appui des Ketama et secondé par les guerriers des autres tribus berbères, défit successivement toutes les armées de Zîadet-Allah, subjugua les provinces et les vilmes, les unes après les autres, s’empara de Laribus et força Ibrahîm-Ibn-Abi-’l-Aghleb à prendre la fuite. Ce général avait été envoyé par Zîadet-Allah contre le rebelle ; il avait même sous ses ordres une forte armée, mais il ne put éviter une défaite. Ce corps de troupes fut le dernier que Ziadet-Allah mit en campagne. La défaite d’Ibrahîm eut lieu dans le mois de Djomada second de l’an 296 (mars 909).

§ LIII. — FUITE DE ZIADET-ALLAH EN ORIENT ET CHUTE DE LA DYNASTIE AGHLEBIDE.

L’historien dit : Bien que Zîadet-Allah eût perdu tout espoir en apprenant la défaite d’Ibrahim-lbn-Abi-’l-Aghleb, il fit proclamer dans la ville de Raccada, où il se trouvait alors, que ses troupes avaient remporté la victoire, et [pour faire croire au public qu’elles avaient tué beaucoup de monde] il donna l’ordre de mettre à mort toutes les personnes qu’il retenait dans ses prisons et de porter leurs têtes en triomphe dans les rues de Cairouan et d’El-Casr-el-Cadîm. Il commença ensuite à emballer ses effets et ses trésors, puis, ayant envoyé à ses favoris et aux membres de sa famille pour leur apprendre la véritable situation des choses, il les engagea à partir avec lui. Sur ces entrefaites, son vizir, Ibn-es-Saïgh, lui donna le conseil de rester. « Les troupes viendront se rallier autour de vous, lui dit-il ; répandez de l’argent, vous trouverez des hommes. Le Chiite n’osera jamais vous attaquer. Courage, donc courage ! Rappelez-vous les guerres que votre grand-père, Zîadet-Allah, avait à soutenir ! » Le prince garda le silence, mais Ibn-es-Saïgh l’ayant de nouveau pressé de rester, il lui répondit : « Cette insistance confirme les bruits qui se sont répandus sur ton compte ; on t’accuse d’entre-