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LVII
INTRODUCTION.

« Le premier jour du mois de Châban, le cadi Ouéli-ed-dîn-Ibn-Khaldoun arriva au Caire avec le cadi Sadr-ed-dîn, fils de Djemal-ed-dîn, et le cadi Sâd-ed-dîn, fils du cadi Chéref-ed-dîn le Hanbelite. Ils étaient du nombre de ceux qu’on avait laissés en Syrie, et auxquels l’ennemi parvint à couper la retraite. Ibn-Khaldoun avait accompagné les autres cadis lorsqu’ils sortirent de Damas pour se rendre auprès de Tamerlan. Quand ce prince le reconnut, il lui témoigna une considération toute particulière et lui demanda une liste écrite des villes et des déserts du Maghreb, ainsi que les noms des tribus qui habitent ce pays. Cette liste lui fut expliquée en persan, et il en témoigna sa satisfaction. Il lui dit ensuite : « Est-ce que tu n’as composé que l’histoire du Maghreb ? » et Ibn-Khaldoun répondit : « Bien plus ; j’ai composé l’histoire de l’Orient et de l’Occident, et j’y ai fait mention des noms des rois ; j’ai composé aussi une notice sur toi, et je désirerais te la lire, afin de pouvoir en corriger les inexactitudes. » Tamerlan lui donna cette permission, et, quand il entendit lire sa propre généalogie, il lui demanda comment il l’avait apprise. Ibn-Khaldoun répondit qu’il la tenait de marchands dignes de foi, qui étaient venus dans son pays. Il lut ensuite le récit des conquêtes de Tamerlan, de son histoire personnelle, de ses commencements et du songe dans lequel son père lui parut. Le prince en témoigna une haute satisfaction et lui dit : « Veux-tu venir avec moi dans mon pays ? » Ibn-Khaldoun répondit : « J’aime l’Egypte, et l’Egypte m’aime, et il faut absolument que tu me permettes de m’y rendre, soit maintenant, soit plus tard, afin de pouvoir arranger mes affaires ; après quoi, je reviendrai me mettre à ton service. » Le prince lui permit alors de partir et d’emmener avec lui les personnes qu’il voulait. « Je tiens ce récit, dit Ibn-Cadi-Chohba, du cadi Chihab-ed-dîn-Ibn-el-Izz, qui avait assisté à une partie de cet entretien. »

Ces extraits constatent, d’une manière positive, que notre historien eut une entrevue avec Tamerlan, et que ce conquérant l’avait très-bien accueilli. Ils servent aussi à confirmer, jusqu’à un certain point, le récit d’un autre historien contemporain, Ibn-