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LVIII
INTRODUCTION.

Arabchah ; récit dont les détails pourraient inspirer une certaine méfiance au lecteur. Je vais maintenant traduire ces passages, d’après les manuscrits de la bibliothèque du roi et l’édition de l’Adjaïb-el-Macdour, imprimée à Calcutta. On sait que le texte et la traduction publiés par Manger fourmillent de fautes et qu’on ne doit s’en servir qu’avec beaucoup de circonspection.

« Quand ils [les habitants de Damas] se virent trompés dans leurs espérances [par le départ précipité du sultan d’Egypte], et qu’ils reconnurent le malheur qui venait de leur arriver, ils tinrent une réunion composée des grands de la ville, ainsi que des personnages marquants qui s’y trouvaient en ce moment, savoir : le grand cadi Mohi-ed-dîn-Mahmoud-Ibn-el-Izz le hanéfite, son fils le grand cadi Chihab-ed-dîn, le grand cadi Téki-ed-dîn-Ibrahîm-Ibn-Mofleh le hanbelite, le grand cadi Chems-ed-dîn-Mohammed-en-Nabolosi le hanbelite, le cadi Nacer-ed-dîn-Mohammed-Ibn-Abi-’t-Téib, secrétaire particulier [du sultan] ; le cadi et vizir Chihab-ed-dîn-Ahmed-Ibn-es-Chehîd (le grade de vizir conservait encore alors quelque éclat), le cadi Chihab-ed-dîn-el-Djéïani le chafite, le cadi Chihab-ed-dîn-Ibrahîm-Ibn-el-Coucha le hanéfite, le naïb-el-hokm (député du chef-magistrat). Quant au cadi chafite Alâ-ed-dîn-Ibn-Abi-’l-Bakâ, il avait accompagné le sultan dans sa fuite, et quant au cadi malékite Borhan-ed-dîn-es-Chadli, il venait de mourir martyr comme nous avons déjà dit. Ces hommes distingués sortirent de la ville pour demander grâce, après s’être consultés et mis d’accord sur le langage qu’ils devaient tenir. »

« Lors du départ du sultan avec ses troupes, le grand cadi Ouéli-ed-dîn-Ibn-Khaldoun se trouva environné par l’armée de Timour. C’était un homme très-distingué et un de ceux qui étaient venus [en Syrie] avec le sultan. Quand celui-ci vit manquer son projet et abandonna son entreprise, Ibn-Khaldoun parut ne pas s’être aperçu [du mouvement rétrograde de l’armée], de sorte qu’il se trouva pris [dans la ville] comme dans un filet. Il logeait au collége Adlïa, et ce fut là que les personnages que nous avons nommés vinrent le trouver, afin de commettre à sa prudence la conduite de cette affaire. Il se trouva bientôt d’accord avec eux,