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LES BENI-MEKKI. 161

attaquer Bougie et Constantine, soit pour soutenir quelque membre de la famille hafside qui cherchait à s'emparer de Tunis. Lors de la mort du sultan ’Abou-Yahya-el-Liyani, son fils Abd-el-Ouahed quitta l'Orient[1] et rentra en Ifrîkïa où il espérait trouver les moyens de se rendre maître de l’empire. Comptant sur la reconnaissance que les Beni-Mekki devaient à son père, il alla rappeler à leur souvenir les bienfaits qu'ils avaient reçus et faire ainsi valoir ses droits à leur appui. Son espoir ne fut pas trompé : ils le proclamèrent souverain, et leur chef, Abd-el-Mélek, ayant pris la direction du mouvement, fit jurer à ses subordonnés qu’ils seraient fidèles à son protégé. En l’an 733[2] (1332), lors du départ du sultan Abou-Yahya-Abou-Bekr pour Bougie, il réussit à s'emparer de Tunis ; mais il n’y resta que quinze jours, ayant appris que le sultan revenait pour l'attaquer. Les Beni-Mekki coururent se réfugier dans Cabes, et, depuis lors, ils restèrent exposés aux regards jaloux du gouvernement hafside, qui ne cessa de les surveiller dans l'espoir d’un revirement de fortune qui lui permettrait de les écraser. La prise de Tlemcen par le sultan mérinide, Abou-'l-Hacen, et la chute de la dynastie de Yaghmoracen dégagèrent Abou-Yahya-Abou-Bekr de ses embarras et lui permirent de penser sérieusement aux mesures qui amèneraient l'ordre dans l'empire et forceraient les chefs indépendants à rentrer dans l’obéissance. Hamza-Ibn-Omar revint du Maghreb et, grâce à l'intercession d’Abou-'l-Hacen, il obtint du sultan hafside l’oubli du passé. Rentré au service de l’empire, il ne put se dispenser de lui montrer une obéissance irréprochable et, par son exemple, il ramena dans le devoir ses confrères en sédition, les autres chefs qui s'étaient mis en insurrection. Alors Abd-el-Mélek-ibn-Mekki envoya son frère germain, Ahmed, auprès d'Abou-’l-Hacen, afin d'obtenir les bons offices de ce prince[3]. Ahmed se présenta devant

  1. Voy. t. II, p. 476.
  2. Il faut lire 732
  3. Ci-devant, page 17