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HISTOIRE DES BERBÈRES.

vrai khalifat de se relever, Abd-el-Mélek[1]-Ibn-Mekki partit pour sa ville natale et, profitant de la faiblesse de l'empire, il se fortifia et ne prêta plus au gouvernement hafside qu’un semblant de soumission. Quand les généraux du sultan marchaient contre lui, il obtenait leur retraite par la promesse de faire célébrer, dans ses mosquées, la prière du vendredi au nom de leur maître. En l'an 693 (1293-4), il se mit en révolte ouverte et embrassa le parti d’Abou-Zékérïa II, seigneur de Constantine et de Bougie. Ahmed, son fils et successeur désigné, mourut en 697, et, vers la fin du septième siècle, il mourut lui-même. On reconnut alors pour gouverneur son petit-fils Mekki ; mais, à cause de sa jeunesse, on le plaça sous la tutèle de son cousin, Youçof-Ibn-Hacen. A la mort de Youçof, le jeune chef reçut pour tuteur[2] Ahmed-Ibn-Lîran, membre d’une des premières familles de Cabes et allié, par mariage, à la famille Mekki. En perdant Youçof, les Mekki virent interrompre le cours de leur prospérité, et le sultan Ibn-el-Lihyani les transporta tous à Tunis ; mais, au moment de quitter la capitale pour se rendre dans le district de Cabes, il leur permit de s’en aller chez eux. Sur ces entrefaites, Mekki mourut, laissant deux enfants en bas âge : Abd-el-Mélek et Ahmed. Ces jeunes gens passèrent plusieurs années sous la tutèle d’Ibn-Lîran et, parvenus à l’âge viril, ils résistèrent à l'autorité de l’empire, établirent leur domination sur toute la région qui avoisine Cabes et, à l’instar de leur père, ils ne rendirent au khalife hafside qu’un seul témoignage de respect, celui de faire célébrer la prière publique en son nom. Leur indépendance était encore plus grande que celle de leur père, en conséquence de l’affaiblissement que la puissance des Hafsides avait subie et de l’embarras que les princes de Tiemcen donnaient au sultan par leurs entreprises hostiles. A cette époque, le souverain de Tunis avait à combattre les armées que le gouvernement abd-el-ouadite envoyait, soit pour

  1. Les manuscrits et le texte imprimé portent Abd-el-Hack.
  2. Dans le texte arabe, il faut sans doute lire kefalétihi.