Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 3.djvu/185

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commandant de ses troupes se nommait Cacem-Ibn-Khalef-Allah. Comme Ali soupçonnait cet officier de vouloir soutenir les droits du jeune enfant qu’Abou-Yahya[-Abou-Bekr-Ibn-Thabet] avait laissé en mourant, il s’empressa de l’éloigner de Tripoli, en le chargeant d’aller percevoir les impôts dans la province de Mesrata. Cacem ressentit alors des craintes pour sa vie[1] et se mit en révolte ; mais l’arrivée d’une lettre de grâce le fit rentrer à Tripoli. Cédant encore à ses appréhensions, il obtint la permission d’aller faire le pèlerinage, et, débarqué à Alexandrie, il rencontra Mohammed-Ibn-Abi-Hilal, l’ami intime du sultan, qui se rendait à la Mecque. Ayant obtenu la protection de ce grand personnage, il s’embarqua pour Tunis avec l’intention de pousser le sultan à faire la conquête de Tripoli En passant devant cette dernière ville, il reçut des Beni-Thabet une lettre très amicale dans laquelle ils l’invitèrent à reprendre la position qu’il avait occupée chez eux. Il y consentit, mais, ayant ensuite appris que sa vie était en danger, il partit pour Tunis. Le sultan, auquel il fit annoncer son arrivée et dont il tourna ensuite les pensées vers la conquête de Tripoli, laissa partir son fils, l’émir Abou-Hafs-Omar, avec lui, afin d’y mettre le siège. Arrivé sous les murs de la ville, El-Cacem-Ibn-Khalef-Allah obtint l’appui d’une fraction de la tribu des Debbab, mais le reste de ces nomades embrassa le parti d’Ali-Ibn-Ammar-Ibn Thabet. Il tint la place étroitement bloquée pendant toute une année, sans cesser de montrer un grand dévouement au service du sultan. Par ses soins, des sommes considérables, provenant des impôts, furent envoyées à Tunis, et, grâce à ses efforts, les Arabes se laissèrent gagner à la cause du souverain hafside.

Les assiégeants continuèrent à empêcher la ville de recevoir des vivres et à repousser les fréquentes sorties de la garnison ; mais, fatigués enfin par tant d’efforts, ils consentirent à décamper, après avoir fait reconnaître aux habitants l’autorité du sultan et reçu les arrérages de l’impôt, lequel n’avait pas été

  1. A la place d'el Khalifa, il faut lire el-khifa.