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190 HISTOIRE DES BERBÈRES.

leur alphabet ; mais, entre les sons produits par deux organes voisins, il peut y avoir plusieurs sons intermédiaires, sons que l’on retrouve chez d’autres peuples et dont une partie seulement peut être exprimée par certains Arabes. Tous les auteurs qui ont traité de la nature du langage ont indiqué ce fait dans leurs livres.

Cela posé, il faut savoir que Zenata dérive de Djana, nom propre qui désigne l’ancêtre de cette tribu, savoir : Djana, fils de Yahya, le même qui figure dans leurs généalogies. Or, quand ce peuple veut convertir un nom propre en nom générique, ils lui ajoutent un t à la fin ; de cette manière, ils ont formé Djanat ; et, pour donner à ce nom, qui est au singulier, toute la compréhension dont il est susceptible, ils y ajoutent un n [signe du pluriel berbère], de sorte qu’il devient Djanaten. Le dj de ce mot ne se prononce pas de la manière arabe ; il représente un son qui tient le milieu entre le dj et le ch [c’est-à-dire le j français] et auquel l’oreille aperçoit une espèce de sifflement. [Les Arabes] ont remplacé ce son par celui dz, à cause de l’analogie qui existe entre l’articulation du z et celle du ch ; ainsi, de Djanat ils ont fait Zanat. Sous cette forme, c’est un nom collectif ; pour en faire un patronymique, on y ajoute un a ; ensuite, comme ce mot est d'un usage très fréquent, on supprime l’a long qui suit le z, afin d’en alléger la prononciation.

PREMIÈRE PÉRIODE DE l’HISTOIRE DES ZENATA.

L’histoire des Zenata en Ifrikîa et en Maghreb commença immédiatement après l’apparition de la race berbère en ces pays, c’est-à-dire dans un siècle tellement reculé que Dieu seul peut en savoir l’époque. Les ramifications de la souche zenatienne sont trop nombreuses pour être comptées ; mais on y remarque particulièrement les Maghraoua, les Beni-Ifren, les Djeraoua, les Beni-Irnîan, les Oudjedîdjen, les Ghomert, les Yedjefech, les Beni-Ouacin, les Beni-Tigherest[1], les Beni-Merîn, les Toudjîn,

  1. Peut-être : Tigherin