Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/149

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D'IBN KHALDOUN.

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��de haute dévotion, ou par des magiciens. On peut regarder toutes ces assertions comme autant de fables.

Les interprètes ont adopté ce conte afin de pouvoir rendre raison de la construction grammaticale suivant laquelle les mots dhat el-eïmad servent de qualificatif au mot Irem, et, comme ils attribuent au terme eïmad le sens de colonnes, il s'ensuivait qu'/rem était un édifice. Cette explication leur fut inspirée par la leçon qu'adopta Ibn ez-Zobeïr \ et suivant laquelle on prononce Aadi Irem, où l'antécédent gouverne son complément au génitif et ne porte plus le tenouîn ^. Ce fut alors qu'ils adoptèrent ces histoires qui ressemblent à des contes faits à plaisir, à ces explications attribuées à Sîfawaih ^ et que l'on a mises au nombre des anecdotes divertissantes. Du reste, eïmad désigne les poteaux de tentes; si l'on veut entendre, par ce mot, des colonnes, cela ne serait pas invraisemblable, vu que les Aadites, en général, avaient la réputation d'éleveu beaucoup d'édifices et de colonnes, et d'être doués d'une force prodigieuse. Il ne faut pas supposer que, dans la phrase déjà citée, ce terme soit employé comme le nom propre d'un certain édifice situé dans telle ou telle ville. Si l'on admet que le premier des deux noms régit l'autre au génitif, ainsi que cela se trouve dans la leçon d'Ibn ez-Zobeïr, il faut y voir le même genre de rapport d'annexion qui a lieu entre le nom d'une tribu et celui d'une de ses branches, comme par exemple : Coreïch-Kinana , Elias-Moder, Rebiah-Nizar". Alors on n'a pas besoin de faire une

��' Hicham Ibn Oroua Ibn ez-Zobeïr, cé- lèbre traditionniste, mourut en Van iA5 (762-763 de J. C), ou en i46.

' Le tenouîn est un signe qui s'ajoute à la lin des noms qui ne sont pas déter- minés par l'arlicle ou par un complé- ment régi au génitif. Dans le texte du Co- ran, on a adopté la prononciation Aadin Iréma avec le tenouîn, et le sens en est : Aad, le même qu'Irem. — Aadi Iréma, la leçon d'Ibn ez-Zobeïr, signifie VAad d'I- rem. Les commentateurs ne s'accordent Prolégomènes.

��pas sur la manière d'expliquer le verset.

' Les ouvrages que j'ai consultés n'of- frent rien concernant ce personnage. D'ail- leurs le texte est altéré dans cet endroit : un de nos manuscrits porte aj Ji-w» (Sî- cawaïh) et wvimUaJ avec le mol loo (c'est- à-dire , ainsi dans l'original), écrit au-dessus. Le copiste doutait de l'exactitude de la leçon. Dans un autre manuscrit , le passage est omis ; dans l'édition de Boulac , on l'a remplacé par des mots insignifiants.

  • C'est-à-dire Coreîch, branche de la

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