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40 PROLÉGOMÈNES

Cairouan el au Caire. Ils prétendent que ces princes n'appartenaient point à la famille du Prophète, et ils contestent leur descendance P. 3o. d'Ismaïl l'imam, fds de Djâfer es-Sadec. Dans leurs assertions, ils ont pris pour base certains récits qu'on avait fabriqués pour plaire aux faibles khalifes de la postérité d'El-Abbas, récits dans lesquels on dénigrait les rivaux de cette dynastie, en employant contre eux tous les moyens de la calomnie. Nous indiquerons quelques-uns de ces contes lorsque nous traiterons de l'histoire des Obeïdites ^ Ces au- teurs ont totalement négligé le témoignage des faits et des événe- ments qui, en démontrant l'opinion contraire, donnent un démenti à leurs assertions et réfutent complètement leurs récits.

Voici ce que rapportent tous les historiens sur les commencements de la dynastie des Chiites : Abou Abd-AlJah le mohleceb"^ rallia les Ketama (Berbers) à la cause du rida (l'agréé de Dieu) de la famille de Mohammed. Le bruit de sa conduite s'étant répandu dans le public, on reconnut qu'en se donnant tant de mouvement il travaillait pour Obeïd-AUah el-Mehdi et Abou-Cacem, fds de celui-ci. Avertis de cette découverte et craignant pour leur vie, ces deux princes s'enfuirent de l'Orient, siège du khalifat, traversèrent l'Egypte et quittèrent Alexan- drie sous le costume de marchands. Eïça en-Noucheri^ gouverneur de l'Egypte et d'Alexandrie, ayant appris leur évasion, envoya des cavaliers à leur poursuite; mais, à la faveur de leur déguisement, ils trompèrent la vigilance de leurs ennemis et parvinrent à se réfugier dans le Maghreb. Nous savons, par les mêmes historiens, que le khalife abbacide El-Motadhed* prescrivit aux Aghlebides qui gouver- naient rifrîkiya, et aux Midrarides qui commandaient à Sidjilmessa, de fermer leur pays aux fugitifs, en mettant des gardes partout, etd'en-

' Voyez l'T/fstoiVetieiBertersd'IbnRhal- * Ibn Khaldoun aurait dû écrire El-

doun, t. II, p. 5o7 de la traduclion fran- Moklefi; le khalife El-Motadhed mourut

çajse. en l'année 289 (902 de J. C), et En-

' Le magistrat appelé mohteceb (édile), Noucheri , qui avait été nommé gouver-

étail chargé de la voirie et de la police neur del'Egypte, l'an 292 (goSde J. C),

des marchés. y commandait encore quand Obeid-AUah

' Pour (_jyiyJt, lisez (jyXiyJl. se rendit dans le Maghreb.

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