Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/237

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D'IBN KHALOOUN.

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��adoptées par Ptolémée comme point de départ d'où il compte les longitudes. Elles sont placées dans la mer Environnante, en de- hors de la terre-ferme qui fait partie de ce climat, et forment un groupe d'îles très-nombreuses, dont les plus grandes et les mieux connues sont au nombre de trois. On dit qu'elles sont habitées. Sui- vant ce que nous avons appris, quelques vaisseaux des Francs, ayant abordé ces îles vers le milieu de ce siècle', attaquèrent les habitants; les Francs enlevèrent du butin et emmenèrent des prisonniers, qu'ils vendirent en partie sur les côtes du Maghreb el-Acsa (le Maroc). Les captifs passèrent au service du sultan, et, lorsqu'ils eurent appris la langue arabe, ils donnèrent des renseignements sur leur île. Les ha- bitants, disaient-ils, labourent la terre avec des cornes pour l'ense- mencer, le fer étant inconnu chez eux; ils se nourrissent d'orge; leurs troupeaux se composent de chèvres; ils combattent avec des pierres, qu'ils lancent derrière eux; leur seule pratique de dévotion consiste à se prosterner devant le soleil au moment de son lever. Ils ne con- naissent aucune religion, et jamais des missionnaires ne leur ont ap- porté une doctrine quelconque.

C'est par hasard seulement qu'on arrive aux îles Eternelles, car on ne s'y rend jamais exprès. En effet, les vaisseaux qui naviguent sur la mer ne peuvent marcher qu'à l'aide des vents, et les marins ont besoin de connaître les points d'où chaque vent souffle et de savoir en quel pays on peut arriver lorsqu'on suit directement le cours de ce vent. Si le vent est variable, et si l'on sait où l'on doit arriver en suivant la ligne droite, on oiiente les voiles selon chaque courant d'air, leur donnant l'inclinaison nécessaire pour faire marcher

��graphes El-Bekri et Ibn Saîd , en écrivant c^jLJUI ^ fyii , au lieu de tatoJUI _^ 1^, orthographe d'Abou'lféda et d'autres géo- graphes arabes. Le premier nom, traduit à la letlre, signifie «les îles les femmes immortelles, » ce qui n'offre aucun sens; le second peut se rendre par « les îles des femmes immorlelles. » Pour dire « les îles Prolégomënes.

��éternelles , » il faudrait employer la forme

' Le milieu du viii° siècle de l'iiégire correspond à l'an i35o de J.C. Deux cents ans auparavant, Idrîci avait appris qu'un navire parti de Lisbonne s'était avancé dans l'Atlantique jusqu'à une de ces îles. (Voy. la Géographie d'Jdrîci, t. II, p. a 6 et suiv.)

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