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D'IBN KHALDOUN. 201

se contente de s'agiter jusqu'à ce qu'elle en arrive à la limite infé- rieure, aux perceptions qui se trouvent dans le domaine des sens et de l'imagination. Elle peut même combiner, d'après un système de règles assez restreint et dans un arrangement particulier', les notions réelles (propositions) qu'elle tire de l'opinion^ et de la mémoire. Par cette opération, elle acquiert des concepts et des notions affirmées^, seules connaissances que la réflexion peut fournir, tant que cette faculté reste dans les limites du corps. Toutes ces connaissances appartiennent à la puissance imaginative et restent dans des bornes très-étroites. En effet, l'âme (chez les gens de cette classe) peut s'é- lever de son point de départ jusqu'au commencement de la catégo- rie supérieure, mais elle n'a pas la force de franchir cette limite. Si, avec cela, ses efforts sont mal dirigés, elle n'accomplit rien qui vaille. Voilà le terme auquel la perception humaine peut générale- ment atteindre, tant qu'elle subit l'influence du corps; c'est là que les savants s'arrêtent, sans pouvoir aller plus loin.

Les âmes de la seconde classe se laissent porter parle mouvement réfléchissant et par une disposition naturelle vers l'intellect spirituel et vers les perceptions qu'on peut acquérir sans avoir besoin de l'instrumentalité du corps. Pour ces âmes, le champ de la percep- tion s'étend bien au delà du commencement (du monde spirituel), point où s'arrête la puissance perceptive des âmes appartenant à la classe précédente. Parvenues dans cette région, elles parcourent le champ de la contemplation intérieure, où tout est une extase, dont le commencement et la fm sont simultanés. C'est jusque-là que s'étend

��' 11 s'agit ici du syllogisme.

' Pour i^y\, lisez x^J\^.

■' En arabe i;Ju o-a-J ' j «jsj-ovJI aJjJI. Selon les logiciens, toutes nos connais- sances peuvent se ranger en deux classes, dont l'une se compose de simples appré- hensions ou concepts, et l'autre, d'alfir- mations ou jugements. Le concept, c'est, par exemple, Dieu, l'homme, élernel; l'al- Proli^Komènes.

��iinnation, c'est Dieu est éternel, l'homme n'est pus éternel. «Le concept, disent-ils, c'est l'exislence de l'iaiage d'une chose dans l'entendement, et l'affirmation, c'est un concept joint à un jugement. » ^y^xil

jS^ *a-« )_r"^- Les concepts, te sont les simples idées, et les affirmations, les pro- positions.

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