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p. 193. la faculté perceptive, qui leur est cependant innée; ils ne peuvent s'en servir ni dans l'état de sommeil, ni dans le moment où une révélation pourrait leur arriver, ni dans aucune autre circonstance. En effet \ la forme de l'âme, ni son essence réelle, qui se compose de percep- tion et d'intellect, ne sont pas complètes à cet âge : elle ne peut pas^ s'approprier des universaux. Plus tard, lorsque son essence est de- venue parfaite en acte, l'âme, tant qu'elle reste dans le corps, a deux manières d'apercevoir : l'une, se faisant par l'instrumentalité du corps, qui lui transmet des perceptions corporelles; l'autre, au moyen de sa propre essence. L'âme se trouve exclue de ce (dernier genre de per- ception) tant qu'elle reste engagée dans le corps et préoccupée par les distractions que les sens lui offrent. Ceux-ci attirent l'âme sans cesse vers le monde extérieur, parce qu'elle est prédisposée, par sa nature, à s'occuper des perceptions corporelles. Quelquefois cependant elle se détourne de l'extérieur afin de se plonger dans l'intérieur, et alors le voile du corps est enlevé pendant un seul instant de temps. Cela arrive, soit au moyen d'une faculté commune à tous les hommes, telle, par exemple, que le sommeil, ou bien d'une faculté spéciale à certains individus, telle que le talent de la divination et celui de pronostiquer par le jet de cailloux, ou bien encore par l'habitude des exercices spirituels, pareils à ceux qui procurent aux soufls des révélations. Dégagée alors des influences extrinsèques, l'âme se tourne vers les essences qui sont au-dessus d'elle et qui font partie de la Compagnie sublime; car sa sphère est réellement en contact avec la leur, ainsi que nous l'avons déjà indiqué. Ces essences sont spiri- tuelles, étant de la perception pure, et des intelligences en acte. Dans elles se trouvent les formes des êtres avec leur véritable na-

' Après le mot iAi\, il faul insérer saire. La grammaire exige, en ce cas, le

^^^. L'édition de Boulac el les manus- remplacement de ë^, par |»*j , mais notre

crits C el D fournissent la bonne leçon. auteur néglige assez souvent celte régie.

' Tous les manuscrits et l'édition de q,, voit, par exemple, que. dans celte

Boulac portent "^jv |l Jj. L'insertion de la même ligne, il a écrit iu" l. particule négative est absolument néces-

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