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D'IBN KHALDOUN. 301

tisme et l'étendue de leur ambition. La souveraineté ne leur arrivp pas par hasard ou par un jeu de la fortune; de tous les biens et de toutes les dignités, elle seule convient le mieux à l'esprit qui les anime. Cela montre que Dieu leur avait destiné l'empire et les y avait conduits. D'un autre côté, lorsque Dieu veut renverser un em- pire, il porte les chefs à commettre des actes blâmables, à con- Iracter des qualités ignobles et à suivre le sentier de l'erreur. Alors la dynastie régnante perd toutes les vertus qui l'avaient rendue digne du commandement; elle tombe en décadence et finit par perdre l'empire. Une autre famille la remplace dans l'exercice du pouvoir et rappelle, par sa présence, que Dieu avait enlevé, à ceux qui gou- vernaient auparavant ,• l'empire et les biens qu'il avait daigné leur accorder: « Et lorsque nous voulûmes détruire une cité, nous adres- sâmes nos ordres à ceux qui y vivaient dans le luxe, et ils s'empres- sèi'ent d'y commettre des abominations; ainsi se trouva justifiée notre .sentence, et nous détruisîmes la ville de fond en comble.» {Coran, sour. xvii, vers. 17.) Si le lecteur veut en chercher des exemples dans l'histoire des peuples anciens, il trouvera de quoi dé- montrer fexaclitude de nos assertions. « Dieu crée ce qui lui plaît et il choisit (à son gré). » [Coran, sour. xxviii, vers. 68.) Les qua- lités qui donnent la perfection (au caractère d'un homme), et que les tribus douées d'esprit de corps recherchent dans un chef, se lais- sent reconnaître aux égards dont il honore les savants, les hommes saints, les descendants du Prophète, les personnes respectables, les négociants des diverses classes et les étrangers, dont il traite chacun selon ses mérites. C'est donc par un sentiment naturel que les fa- milles et les tribus animées de cet esprit s'empressent d'honorer les gens qui les égalent en noblesse ou qui rivalisent avec elles par la puissance de leur famille et par fétendue de leur renommée. Ces té- P. 2O2. moignages de respect s'accordent, en général, par le désir de s'illus- trer, ou par la crainte d'offenser la famille de la personne qu'on vient d'accueillir, ou bien dans l'espoir de recevoir d'elle un traitement aussi bienveillant dans une autre occasion.

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