Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

330 PROLÉGOMÈNES

malheurs qui étaient arrivés, Sehl lui répondit : «Eh bien! moi, je combattrai quiconque agira contre les prescriptions du Coran et de la sonna; peu m'importe que ce soit le sultan ou tout autre. » Ceci se passa en l'an 201 (816-7 de J. C). Vaincu par les troupes qu'Ibrahim Ibn el-Mebdi avait expédiées contre lui, il tomba entre leurs mains et eut beaucoup de peine à s'évader ^ Un instant avait suffi pour ruiner sa puissance.

Dans la suite, plusieurs individus à l'esprit exalté suivirent les mêmes errements; ils entreprirent de maintenir la vérité, sans se douter que pour y réussir ils devaient s'appuyer sur un parti très- puissant, et sans prévoir les résultats de leurs tentatives. Envers les gens de cette espèce, il faut employer les moyens de la douceur, dans le cas où ils ont l'esprit déi-angé ; s'ils excitent des séditions, il faut les mettre à mort ou les fustiger; ou bien, il faut les rendre ridicules aux yeux du public et les traiter comme des bouffons ^.

Quelques hommes se sont donnés pour le Falémide atlenda ^, ou pour des agents chargés de rallier le peuple à sa cause; mais aucun d'eux ne savait qui était ce Fatémide et ce qu'il devait faire. La plu- part de ces individus ont été* des gens à esprit faible, ou des insen- sés, ou bien des imposteurs qui, en émettant dépareilles prétentions, cherchaient à saisir le commandement qui était l'objet de leur ambi- p. 290. tion. Ne trouvant aucun moyen ^ ordinaire pour parvenir au pouvoir, ils se servaient de celui-ci , sans prévoir le malheur qui les attendait ni les suites fatales de leur révolte et de leur imposture. Ce fut ainsi qu'au commencement de ce siècle (le huitième de l'hégire) un nommé Et-

' Pour Ujj, lisez />LocV. ' C'est-â-dire, le douzième imam, El-

' Il faut lire |j^li-aJl. Ce mot, qui est Melidi, qui disparut du monde dans son

le pluriel de yLsii^, désigne celte classe eufance et qui reparaîtra un jour pour y

de parasites qui recevaient volontiers des faire régner la juslicc. Dans la deuxième

coups et des soufflets, pourvu qu'on leur partie des Prolégomènes se trouve un long

donnât en même temps un bon dîner. Il chapitre sur le Falémide attendu, y en avait aussi chez les Piomains: Piaule, ' Variante : /'O-^-

dans ses Captifs, v. 4o6, les appelle pla- ^ Pour ^, lisez ^■

gipatidee (souffre-gourmades).

�� �