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était inconnue. Cela nous porte à regarder l'espace de quarante ans, qui est l'âge (moyen) de i'homme, comme égal à la vie d'une gé- nération.

Nous avons dit que la durée d'un empire ne dépasse pas ordinai- rement trois générations. En efiet, la première génération conserve son caractère de peuple nomade, les rudes habitudes de la vie sau- P. 307. vage, la sobriété, la bravoure, la passion du brigandage et l'habitude de s'entre-partager l'autorité ; aussi l'esprit de tribu dans cette géné- ration reste en vigueur; son glaive est toujours affilé, son voisinage redoutable, et les autres hommes se laissent vaincre par ses armes, La possession d'un empire et le bien-être qui s'ensuit influent sur le caractère de la seconde génération; chez elle, les habitudes de la vie nomade se remplacent par celles de la vie sédentaire, la pénurie est changée en aisance et la communauté du pouvoir en autocratie. Un seul individu exerce toute l'autorité; le peuple, trop indolent pour essayer de la reconquérir, échange l'amour de la domination contre l'avilissement et la soumission. L'esprit de corps qui l'anime s'affaiblit à un certain degré; mais on aperçoit que cette génération, malgré son abaissement, en a conservé encore une portion considérable', qu'elle tenait de la génération précédente. Elle en a connu les mœurs, la fierté, l'amour de la gloire, l'ardeur à repousser l'ennemi et à se défendre; aussi ne peut-elle perdre cet esprit tout à fait. Elle espère même reprendre un jour tous ces traits de caractère; peut-être pense- t-elie qu'elle les possède encore.

La troisième génération a oublié complètement la vie nomade et les mœurs agrestes du désert; elle ne reconnaît plus les douceurs de la gloire et de l'esprit de corps, habituée, comme elle l'est, à subir la domination d'un maître et plongée , par l'influence du luxe , dans toutes les délices^ de la vie. Des hommes de cette espèce sont une charge pour l'empire; à l'instar des femmes et des enfants, ils ont besoin de protec- teurs; chez eux l'esprit de corps s'est éteint, le courage de se défendre,

Pour^Aidl, lisez ^aX^I. — ^ Pour ïjLàx. , lisez ts^Lic.

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