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D'IBN KHALDOUN. 395

cette recommandation. » Les Ansars se laissèrent convaincre et renon- cèrent au projet d'élever Saad à l'imamat. On trouve aussi dans te Sakih une parole du Prophète ainsi conçue : " L'autorité ne sortira pas de cette tribu de Coreïch ^ » On pourrait citer encore beaucoup de textes semblables.

La tribu de Coreïch s'affaiblit en.suite par l'influence de l'aisance et du bien-être; elle épuisa ses forces en combattant pour l'empire dans les diverses parties du monde; elle perdit à la fin son esprit de corps et, devenue incapable de soutenir le khalifat, elle se laissa arracher le pouvoir par des étrangers.

Plusieurs docteurs, habiles investigateurs de la vérité, se sont P. 35i laissé égarer par le fait que nous venons d'indiquer, et sont allés jusqu'à nier que la qualité de Coreïchide fût nécessaire dans un imam. Ils s'appuient aussi sur la signification littérale de certaines paroles du Prophète, telles que celles-ci : « Ecoutez et obéissez, quand même on vous donnerait pour chef un Abyssin esclave et baveux. » Cette recommandation ne fournit aucune preuve qui puisse s'appli- quer à la question; elle se présente sous la forme d'un exemple et d'une supposition, afin de mieux faire sentir la nécessité de l'obéis- sance. Ils citent encore cette parole d'Omar : « Si Salem, l'affranchi d'Abou Hodeïfa , vivait encore, je lui confierais cette dignité, à moins que je n'eusse quelque soupçon à son sujet. " Cela ne prouve rien; tout le monde sait que l'opinion d'un seul des Compagnons du Pro- phète ne fait pas autorité, ils citent aussi la maxime : L'affranchi fait partie de la famille qui lui a donné la liberté, et ils ajoutent que Sa- lem , devenu l'affranchi des Coreïch , avait contracté l'esprit de corps qui animait cette tribu. « La condition d'être Coreïchide ( disent-ils) n'a pas d'autre signification. Omar, qui attribuait à l'office de khalife la plus haute importance, s'était imaginé que les conditions requises dans un imam ne se retrouveraient bientôt plus, et il avait pensé à Salem, qui lui paraissait les réunir toutes, même celle d'être Co-

' Pour Ji^y j , lisez Ju^ o^ cJ^ ^OJf- J.

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